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Site d'Information de l’ASA de Ventavon St Tropez

Infos de l'ASA du Canal de Ventavon St Tropez
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« Gérer l’eau, c’est prévoir demain, prévoir demain, c’est protéger l’eau »

Le canal Saint-Tropez

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6. 1780 7 mai. Prix fait du canal Saint-Tropez [13]

Les syndics des possédants biens au quartier de la Baume se réunissent chez le notaire, lesquels après avoir exposé aux enchères la confection du canal à faire pour l’arrosement des fonds et propriétés dudit quartier, fait trois différentes enchères aux formes ordinaires. Et à la dernière, après avoir fait allumer trois chandelles, à l’extinction d’icelles, la dernière offre se trouvant sur la tête de sieur Jean Roman négociant et de Jacques Richaud maître maçon de cette ville, derniers enchérisseurs, sous le cautionnement de sieur Antoine François Plantard négociant de la ville de Pertuis et de sieur Mary Bernard négociant de cette ville leurs associés.

Lesdits syndics et conseillers, de leur gré ont donné et donnent à prix fait aux sieurs Roman et Richaud la confection dudit canal appelé St Tropéz, pour être par eux fait relativement et conformément au plan et devis fait par le sieur Bernard sous ingénieur de la province. Lequel plan leur a été remis en original et un double du devis compulsé sur celuy du sieur Bernard [14]… Lequel canal les dits sieurs entrepreneurs promettent et s’obligent d’avoir fait et parachevé et fini le vingt cinq avril mil sept cent quatre vingt deux à l’estat ce jour là de pouvoir y mettre l’eau, à moins qu’il n’y eut de retardement aux payements ci après stipulés. Lequel retardement compterait pour un plus long délai et pour le même temps que ledit retardement aurait duré.

Ledit prix fait est donné au prix et moyennant la somme de cinquante cinq mille deux cent livres qui est le même de l’offre des dits entrepreneurs et sous lequel la délivrance leur en a été faite, que les dits sieurs sindics promettent et s’obligent de leur faire payer par leur trésorier, sçavoir trois mille livres lorsqu’ils fairont aparoir de l’employ des pareilles sommes dont il fairont l’avance, autres trois mille livres lorsqu’ils fairont aparoir de ce premier payement et successivement en pareil payement de trois mille livres en faisant toujours aparoir qu’ils sont en avance de ladite somme. Et le dernier payement lorsque l’ouvrage sera fini et recetté. Le tout à peine respectivement de tous dépens dommages et intérêts.

7. 1780 15 mai. Prix fait pour les sieurs Roman, Plantard et Richaud .[15]

Huit jours plus tard a lieu la dernière opération. Fut présent Antoine Collomb maître maçon du lieu de Châteaufort, lequel de son gré a pris à prix fait des sieurs Jean Roman, Antoine François Plantard et Jacques Richaud, entrepreneurs du canal St Tropèz, présents, acceptants et stipulants de leur faire deux fours à chaux dans la terre dudit Châteaufort, pour lesquels il fournira le bois, dont l’un sera fait par tout le courant du mois de juin prochain et le second pour tout le courant du mois de septembre aussi prochain. A la charge que les dits entrepreneurs de leur fournir deux hommes pendant la coupe du bois et pendant la cuite à leur frais et dépens et de prendre la chaux qui proviendra desdits fours à dix huit sols la charge composée de trois quintaux sur la place qui sera payée audit Collomb à mesure de l’expédition. Déclarant les dites parties que ledit prix fait est de la valeur de cent quatre vingt dix livres…. Acte fait et publié audit Sisteron dans notre étude, présents sieur jean François Reynier bourgeois du lieu de la Motte du Caire et Estienne Ramel maître menuisier de cette ville, témoins requis et signés avec lesdits entrepreneurs, non ledit Collomb qui a dit et déclaré ne le scavoir de ce qui enquis et requis.

Les documents d’archives de la fin du XVIIIe siècle s’arrêtent à cette date, 15 mai 1780. Les premiers consuls adresseront cependant en 1781 et 1782 deux réclamations pour exiger de la province ce qu’elle doit donner pour le canal [16]. Il s’agissait des 15 000 livres que les Etats avaient promis de verser comme participation aux frais. Il semble également qu’il y ait eu quelque retard pour que la confection du canal soit achevée le 25 avril 1782 comme il avait été prévu. Il semblerait qu’il n’ait été terminé qu’en 1784. Il manque en effet la transaction passée avec le seigneur de Valernes en date du 24 octobre 1784, signalée dans un document de 1863 [17].

8. 1784 24 octobre. Transaction avec le seigneur de Valernes.

Ce document rédigé en 1863 par l’ingénieur ordinaire retrace un bref historique du canal :
Le canal St Tropez dont les eaux arrosent une partie du territoire de Sisteron, a son origine sur la rive gauche de la rivière de Sasse dans la commune de Châteaufort, traverse ensuite le territoire de la commune de Valernes, auquel est contigu celui de Sisteron par le quartier de la Baume. Ce canal de onze kilomètres environ de longueur, a été construit en 1784 par les habitants de Sisteron, après avoir acquis de Mr Joseph Henri de Barrême seigneur de Château-Fort, le droit de prendre l’eau du dit canal sur le territoire par acte du 14 mai 1778, et s’être réglés avec Mr Jean Etienne de Bernard seigneur vicomte de Valernes, pour le passage de l’eau sur ses propriétés traversées par le canal, aux conditions stipulées dans la transaction intervenue le 24 octobre 1784.

Cette transaction portait que de 19 portions d’eau contenues dans le canal, 10 portions appartiendront aux habitants de Sisteron et les 9 portions restantes appartiendront au seigneur de Valernes qui cède gratuitement le terrain qu’occupe le dit canal dans toute l’étendue de ses propriétés. Ces conditions furent respectées pendant 90 ans, mais, comme le remarque l’ingénieur en 1863, elles étaient très onéreuses pour Sisteron. Aussi, il suggère qu’à la suite de la faillite de Mr de Valernes, le syndicat du canal acquiert les domaines du Poux et de la Bastide Noble afin de se libérer de cette contrainte. Le Préfet de Digne donne son accord le 24 mai afin que le syndicat puisse faire cette opération.

Pont Damiane 1820
Pont Damiane 1820

Renvois-Notes:

[13]   AD AHP 2 E 14000, f° 466 r°- 468 r°. Notaire Mieulle.

[14]   Ce plan malheureusement ne figure pas dans les archives consultées.

[15]   AD AHP 2 E 14000, f° 477 r°- 479 v°. Notaire Mieulle.

[16]   BB 192, f° 65 r°-66 v°, procuration du 9 août 1781 et BB 192, f° 183 r°-184 r°, procuration du 27 février 1782.

[17]   AD AHP S 841 : rapport de l’Ingénieur Ordinaire relatif à la demande présentée par le syndicat du canal St Tropez, réuni en assemblée générale à Sisteron le 15 août 1863, à l’effet d’obtenir l’autorisation d’acquérir les domaines du Poux et de la Bastide Noble, dont la vente par adjudication doit avoir lieu à Sisteron le 31 août. 1863.